Suzanne Babut-Planchon : une Juste montpelliéraine
Suzanne Babut
Une juste montpelliéraine
« Émouvants rappels du passé. Appels à action libératrice. Jusqu'à quelle profondeur cela pénètre-t-il ? » se demande Suzanne Babut en 1945, lors d'une visite au Musée du Désert. Cette interrogation d'une héroïne du quotidien fait le vif de celles ouvertes par le XXe siècle. Parsemés d'anecdotes intimes, ses carnets résument le sens d'une vie et aident à comprendre un moment de notre histoire. Avec leur part de brume, ils nomment des visages et des événements.
Dans sa corbeille de naissance, il y avait une belle demeure, de grands arbres, des livres, mais aussi un homme éclairé et tendre, Louis David Planchon, son père. Il était le fils de Jules Émile Planchon, le célèbre botaniste, inventeur du remède contre le phylloxéra. Il y avait une mère, encore lovée dans l'espace domestique. Dans sa corbeille de mariée, il y avait toujours des livres et un homme éclairé, Ernest Babut, fils de pasteur, et reconnu pour ses travaux d'historien et sa stature morale. Il restait à Suzanne à réinventer son héritage calviniste entre appartenance et liberté. Pour ce faire, elle a ancré sa pensée dans l'action et les liens aux autres.
Suzanne fut au rendez-vous de la réponse à donner au passé dans le présent. La Première Guerre mondiale la vit infirmière, puis veuve déterminée à gagner sa vie. Les décennies qui suivirent la virent militante pour le mieux-être des déshérités, la justice sociale et le droit de vote des femmes. La dernière moitié du XXe siècle la reconnut « Juste parmi les nations ».