Qu'appelle-t-on panser ?. Vol. 2. La leçon de Greta Thunberg
Qu'appelle-t-on panser ?
2. La Leçon de Greta Thunberg
En 1932, Henri Bergson pose que l'humanité gémissante, « à demi écrasée sous le poids des progrès qu'elle a faits, [...] ne sait pas assez que son avenir dépend d'elle. À elle de voir si elle veut continuer à vivre ». Annonçant que « la possession d'une automobile [qui] est pour tant d'hommes l'ambition suprême [...] pourrait n'être plus si désirée dans peu de temps d'ici« , il précise que « la mécanique, par un accident d'aiguillage, a été lancée sur une voie au bout de laquelle étaient le bien-être exagéré et le luxe pour un certain nombre, plutôt que la libération pour tous ». Anticipant entre les deux guerres mondiales l'épuisement qui caractérise le XXIe siècle, Bergson affirme que seules « de nouvelles réserves d'énergie potentielle [...] morale » permettront de le surmonter.
Greta Thunberg, porteuse à l'évidence d'une telle énergie, bouscule et choque une « dissociété » devenue profondément immorale et irresponsable. « Ose savoir », écrivait Kant en 1784. « Comment osez-vous ? » demande Thunberg devant l'Assemblée générale des Nations unies.
Au XXIe siècle, « oser » penser et savoir ne se présentent plus du tout comme à Emmanuel Kant. L'injonction de Kant marque le début de l'ère Anthropocène, la question de Thunberg advient au moment de sa fin annoncée - cependant que l'Anthropocène s'avère être l'Entropocène, dont il s'agit de sortir.
C'est ce que l'on tente ici de contribuer à panser - en passant par un examen de la thèse collapsologiste et de la notion de Capitalocène.