L'origine est aux frontières : les Aït Ba'amran, un exil en terre d'arganiers (Sud Maroc)
Auteur(s)
Romain Simenel Editeur(s)
CNRS Editions , Maison des sciences de l'homme Collection
Chemins de l'ethnologie
ISBN
2-7351-1316-7
978-2-7351-1316-3
EANS
9782735113163
Date
Collation
327p. ; 15 x 23 cm ; épaisseur : 1.8 cm ; reliure : Broché
Et si la frontière était le centre du territoire ? Et si l'origine n'était pas un événement
premier mais un événement répété et donc à venir ?
Autant de questions posées par l'accueil de l'étranger aux frontières d'une tribu berbérophone
du Sud marocain, les Aït Ba'amran, composée en grande partie de bannis venus des quatre
coins du Maghreb et par-delà. Car l'étranger, l'ethnologue y compris, est ici invité à habiter
les frontières du territoire politique pour incarner au mieux les valeurs d'une fondation
axées sur le principe de conquête et non sur celui d'autochtonie. Quand l'altérité se joue
de l'histoire, le dernier arrivant devient le premier venu, ou encore un Juif errant, le digne
descendant du prophète de l'Islam.
Seul l'exil est à même de susciter une si particulière manière de s'inscrire dans le sol et c'est
à l'ombre des arganiers, dans les dernières montagnes arides du Sud-Ouest marocain avant
le Sahara, que Romain Simenel a pu tirer parti de l'originalité du contexte ethnographique
pour revisiter dans cet ouvrage certains paradigmes incontournables de l'Anthropologie
Maghrébine : Comment aujourd'hui encore le territoire tribal articule-t-il segmentarité et
sainteté ? Quelle place occupe le rituel dans la perception du territoire et du corps ? En quoi
le mariage arabe renverse-t-il tant les fondements de la théorie de l'Alliance ? Comment
l'héritage façonne la généalogie ? Plus encore, loin des préjugés sur l'influence que peut
exercer la religion musulmane sur la manière de penser le rapport à l'environnement, et
riche d'une configuration où les humains se sentent étrangers aux autres existants (plantes,
animaux, génies) qu'ils côtoient en ces terres, Romain Simenel projette le Maroc sur le
devant de la scène des réflexions menées par l'Anthropologie de la Nature. L'ouvrage
délivre aussi les clefs de compréhension de quelques grandes énigmes de l'histoire sociale
musulmane comme celle concernant la multiplication des descendants du prophète
Mohammed. Enfin, l'auteur ouvre sur de nouvelles perspectives anthropologiques relatives
à la cognition humaine en soulevant notamment l'existence d'une conception biologique
de la transmission du langage cohabitant avec un apprentissage horizontal de la langue
berbère par les enfants-bergers. La langue, le territoire, l'environnement, la parenté, le rituel
et l'histoire sont ainsi vus à la lumière de l'exil sous la forme d'un récit qui rend hommage
aux sociétés humaines pour leur capacité à se définir par l'ailleurs.