Histoire de dix ans, 1927-1937
Auteur(s)
Jean-Pierre Maxence Editeur(s)
Rocher Collection
Littérature
ISBN
2-268-05035-1
978-2-268-05035-5
EANS
9782268050355
Date
Collation
424p. ; 16 x 24 cm ; épaisseur : 3.5 cm ; reliure : Broché
Dans ce très beau livre qu'est Histoire de dix ans, Jean-Pierre
Maxence (1906-1956) ne donne pas un recueil de mémoires, mais
plutôt un ouvrage d'«humeur», chronique fidèle de sa désillusion
progressive sur le sort de la France, qui prend la forme d'une sorte
de long «billet» très personnel où sont abordés tous les aspects de
la vie française entre 1927 et 1937 : politique intérieure comme
extérieure, économique comme sociale et, surtout, vie culturelle
éblouissante de la France d'alors, que l'auteur fait revivre «de
l'intérieur» avec un incontestable talent. Ainsi défilent des noms
devenus mythiques (Colette, Maritain, Gide, Maurras, Péguy,
Bernanos, Blanchot), que Jean-Pierre Maxence évoque avec une
familiarité toute naturelle sous sa plume et qui, cependant, nous
semble relever d'une sorte de temps légendaire, ou peu s'en faut.
L'ouvrage, achevé en novembre 1938, est largement dominé par
deux thèmes majeurs. Premièrement le relèvement français et européen
consécutif à la fin de la Première Guerre mondiale, les «années folles»
en quelque sorte, ainsi que la marche, qui peut sembler inéluctable,
vers un nouveau conflit entre la France et l'Allemagne. Le deuxième
thème qui court tout au long de l'ouvrage, et qui lui confère une
grande partie de sa cohérence et de son unité, est la condamnation
du capitalisme et, plus largement, de la société «libérale». Témoin
privilégié de la faillite morale, intellectuelle, politique, économique
et sociale d'une certaine forme de pensée «bourgeoise» élaborée
tout au long du XIXe siècle, Jean-Pierre Maxence est en cela très proche
des préoccupations et des débats actuels, et peut même être considéré
comme une sorte de représentant avant la lettre du mouvement
altermondialiste. Heureuse époque où d'autres voies que celles du
capitalisme ou du socialisme pouvaient être évoquées sans se heurter
à l'omerta de la pensée unique !