Chimères, n° 103. Territoires et plurivers
Territoires et plurivers
La notion de territoire est éminemment polysémique, notion de lisière, et polymorphe. Ce numéro de Chimères a fait le pari de la penser en tant que réalité mouvante, toujours en chantier, et potentiellement subversive.
Si la déterritorialisation capitalistique autrefois triomphante et désormais visiblement aux abois, arrivée à un point de rupture, se replie sur des reterritorialisations néofascistes, policières, racistes et xénophobes partout en Europe et bien au-delà, les revendications territoriales peuvent également représenter des formes de résistance et de création. Dans le contexte d'une mondialisation au bord de la crise de nerfs peuvent ainsi émerger de nouveaux espaces de liberté, de création et d'affirmation, des formes multiples de micropolitiques qui aspirent à une mondialité de la créolisation, du vivant, des biodiversités et des écosystèmes démocratiques, contre l'axiomatique mortifère du Capitalocène ou Thanatocène. De nouveaux territoires, de nouveaux mondes hétérotopiques s'inventent, faisant « appel à la nouvelle terre, au nouveau peuple ». Car un monde est formé d'une infinité de mondes. Déterritorialisation et reterritorialisation formant rhizomes, univers multiples, qui dessinent non pas des lendemains qui chantent, mais des alternatives agissantes dans les espaces-temps du présent, esquissant désormais les contours d'un plurivers vivant.