Ceux d'en bas
« Pourquoi donc qu'on se bat à présent, Demetrio ? » Demetrio, les sourcils froncés, prit distraitement une petite pierre, la jeta au fond du cañon. Il resta pensif en la regardant rouler et dit :
« tu vois, cette pierre, elle ne peut plus s'arrêter... »
Paru en 1916, Ceux d'en bas n'a connu le succès que lors de sa réédition en 1925. Ce texte est depuis considéré comme le fondateur de la littérature révolutionnaire et un classique des Lettres mexicaines.
Le paysan Demetrio Macías, après avoir une fois de trop frôlé la mort, forme une troupe révolutionnaire avec vingt-cinq de ses compagnons : Anastasio Montañés, la Caille, le Saindoux, Pancracio, le Meco... Ils seront rejoints par Luis Cervantes, étudiant en médecine déserteur de l'armée fédérale, Margarito dit le Blondin, tueur-né, et la Fardée, harpie en devenir.
Contrairement aux récits de Martín Luis Guzmán où sont mis en scène les héros de la révolution mexicaine, Mariano Azuela (1873-1952) médecin major dans l'armée de Julián Medina - s'attache à raconter la révolution telle qu'elle est faite par les hommes du peuple : feu spontané, marche aveugle, perdue d'avance. Le point de vue de ceux d'en bas - que les historiens peinent tant à transmettre - nous est ici donné dans une traduction de Jeanne et Joaquín Maurín, autres révolutionnaires, si l'on se souvient que ce dernier fut à l'origine du Parti ouvrier d'unification marxiste (POUM) en 1935 en Espagne.
« Le style de Mariano Azuela, sa manière vigoureuse et dépouillée, n'est pas sans analogie avec celle des écrivains qui dans leurs meilleurs moments nous rappellent, plus ou moins confusément, la brièveté et la force de Tacite. »
Valery Larbaud