Fontenoy ne reviendra plus
Fontenoy ne reviendra plus
Comme je viens d'une époque où chacun jurait de rester éternellement fidèle à ses convictions, je me suis souvent demandé pourquoi tant de figures énergiques avaient ensuite, et sans trop tarder, tourné la page de leur jeunesse. Cette question - qu'est-ce qui pousse un homme à changer de camp, à passer, par exemple, de la gauche la plus enragée à la droite la moins clémente ? - a fini par m'obséder. Aussi ai-je ressuscité un écrivain du siècle dernier, Jean Fontenoy, qui, pour reprendre le mot de Malraux, ne rata rien de ce qui comptait : Dada, la révolution d'Octobre, Lénine et Trotski, la Chine des années 1920, etc.
Or, lui dont les livres avaient séduit aussi bien Kessel que Colette, voilà que, contre toute attente (il avait dénoncé le nazisme dès 1933), il se fit soudain fasciste.
J'ai donc écrit Fontenoy ne reviendra plus pour comprendre de quoi nous sommes faits et à quoi tiennent nos destinées.