De mes malheurs a surgi un trésor
De mes malheurs a surgi un trésor
Je m'appelle Djamel. Je suis né en France de parents algériens. En regardant mon parcours si bousculé, où j'ai couru de nombreux dangers et frôlé la mort dès mon enfance, je m'interroge : pourguoi mon chemin ne s'est-il pas arrêté, alors que plusieurs de mes proches n'ont pas survécu ? À défaut de pouvoir percer le mystère de mon histoire, je peux témoigner aujourd'hui qu'au milieu des tribulations, chaque jour est une promesse. C'est là probablement la raison profonde de ce récit, où se tiennent ensemble la violence et la douceur, la fange et la beauté, l'odieux et le merveilleux, jusqu'au jour où tout a pris sens à mes yeux.
Alors qu'aucun mot ne pouvait franchir mes lèvres sans balbutier, j'ai frappé à la porte de Jean-Laurent Cochet : le théâtre va me sauver de l'errance et de ma solitude. Par un travail acharné, je vais pouvoir enfin exprimer ce qui m'habite. Un jour, une pièce de Jacques Copeau, qui met en lumière la figure de François d'Assise, tombe entre mes mains. Profondément touché par le Petit Pauvre, par sa joie et ses combats, je vais cheminer vers son Maître, monter et jouer la pièce à travers la France, jusque devant Jean-Paul II.
Mon chemin n'est pas terminé. Si le cri silencieux de tous ceux qui affrontent la nuit trouve un écho dans mon récit, je veux tout autant me faire l'avocat de la joie, cette joie profonde qui vient en contrepoint d'une douleur parfois extrême. Je veux dire aujourd'hui ma gratitude envers la vie. Parce que la vie est à la fois fragile et remplie de sens, être vivant est une grâce.