Chimères. n° 81, Bêt(is)es : entre Derrida, Deleuze-Guattari et Sloterdijk
Editeur(s)
Erès Thèmes
Psychanalyse
ISBN
2-7492-3955-9
978-2-7492-3955-2
EANS
9782749239552
Date
Collation
253p. ; 15 x 21 cm ; épaisseur : 1.6 cm ; reliure : Broché
«Qu'ils sont bêtes !», c'est le cri qu'on pousse pour injurier tous ceux qui violentent
notre capacité d'entendement et de tolérance, qu'il s'agisse du déferlement
haineux d'un fondamentalisme, ou même de la vulgarité d'une émission de télé-réalité.
Et cette angoisse diffuse, nous n'aurions jamais été autant cernés par des puissances
bêtes et malfaisantes, des poussées identitaires d'une autre époque, le règne des marchés
financiers et la suffisance de leurs représentants. Nous serions une multitude à partager
cet état d'hébétude, presque de l'ordre d'un trauma, en nous sentant paradoxalement
toujours plus seuls et démunis.
La bêtise chez Deleuze et Derrida est le véritable problème de la pensée. Comment peut-on
être bête, c'est-à-dire cantonner la pensée à reproduire le bien connu, par exemple ?
La bêtise est un régime où la pensée se complaît par conformisme au lieu d'exercer son
inventivité, au lieu d'obéir aux forces qui la poussent à créer.
Mais également, comment peut-on éviter d'être bête ? La bêtise protège, elle s'abreuve
de savoir pour se complaire dans une image de souveraineté, elle engendre une violence
réactive qui préserve le reflet du miroir.
Au-delà de la distinction de l'homme et de l'animal, toute décision ou action souveraines
ne se mêleraient-elles pas inextricablement à de la bêtise et de la bestialité ? Se déplaçant
sur la multitude des seuils de la langue comme une émanation nocive incontrôlable, la
bêtise inquiète et rend les utopies suspectes, elle laisse planer la menace de sa capacité
d'envahissement.
Impuissance ? Fatalité ? Et si nos démocraties tenaient elles-mêmes sur des pactes
anachroniques, produisant des subjectivités qui dénient tout jeu à l'inconscient et
donnant libre cours à des pensées basses qui déchaînent la bêtise ?
Ce numéro de Chimères mettra en scène ce combat entre la bête humaine et l'animal
politique, entre des affects et des raisonnements, entre une souveraineté fondée sur la
force et la musique d'un peuple en marche vers une démocratie toujours à venir.