
[Littérature et cinéma] Focus Jérôme Prieur
Photo © G.Garitan, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Programme
Samedi 25 octobre| 10h30 - 12h45
Au Centre Joë Bousquet et son Temps • Maison des mémoires • 53, rue de Verdun • Carcassonne
Les images de l’écriture
Première partie de l’entretien entre Georges Monti, éditeur (éditions le temps qu'il fait) et Jérôme Prieur : sa trajectoire d’écrivain et de cinéaste, l’aventure
de la série "Les hommes-livres" consacrée à des écrivains contemporains.
> Entretien accompagné de la projection de son film Proust Vivant (2000) - 22 min
« Je suis parti à sa recherche. J’ai interrogé les morts qui pouvaient encore répondre, ses amis et ceux qui l’avaient croisé. Je suis parti sur les traces de son fantôme ». Le film a précédé l’écriture de son livre Proust fantôme (2001).
Samedi 25 octobre| 15h - 17h45
Empreintes et traces du passé dans le présent
Au Centre Joë Bousquet et son Temps • Maison des mémoires • 53, rue de Verdun • Carcassonne
Deuxième partie de l’entretien où Jérôme Prieur évoque sa démarche d’écrivain et de cinéaste qui le mène d’une guerre à l’autre, de 1914-18 à la Deuxième Guerre mondiale.
> Entretien accompagné de la projection de son film René Char, nom de guerre Alexandre (2006), coproduction Cie des Phares & Balises / Arte (65 min)
Mobilisé en 1939, René Char revient en Provence après la débâcle, puis s’établit à Céreste dans les Basses-Alpes. Exilé de l’intérieur, il refuse de publier, prend les armes et passe au maquis, il devient alors le Capitaine Alexandre. Temps de fureur et mystère d’où émergeront ses Feuillets d’Hypnos.
Jérôme Prieur retrace le parcours du poète pendant cette période de résistance. Composé de nombreuses archives, ce film se clôt avec un court reportage sur le maquis de Céreste, réalisé en août 1944, dans lequel Char a voulu immortaliser ses compagnons d’armes.
Samedi 25 octobre| 18h
Jérôme Prieur présente son film Vivement le cinéma (2011) - 52 min
Au Cinéma CGR Le Colisée • Boulevard Omer Sarraut • Carcassonne
Sa fréquentation assidue des salles de cinéma, ses articles de revues, ses ouvrages : Nuits blanches, essai sur le cinéma (1980), Séance de lanterne magique (1985) l’amènent à considérer deux filons, la fantasmagorie d’Étienne-Gaspard Robertson et la séance de lanterne magique qui ouvre À la recherche du temps perdu.
[...] « L’occasion de réaliser un film sur la préhistoire du cinéma s’est imposée à moi. Ce film s’intitule Vivement le cinéma. Il fallait que je rende la parole, depuis le royaume des ombres, à Robertson lui-même. Je deviendrais ventriloque, je parlerais à sa place – d’une certaine façon je l’avais bien connu – pour qu’il raconte, mais comme parlerait un témoin gênant, l’invention du cinéma, le foisonnement d’expériences et de ruses optiques qui ont mené presque par hasard au cinématographe. À ce monsieur Loyal, mort sous le règne de Louis-Philippe, il reviendrait de faire tourner la roue des images animées, de faire défiler la ronde de ses successeurs : Joseph Plateau, Émile Reynaud, Eadweard Muybridge, Étienne-Jules Marey, Georges Demeny ou Thomas Edison et enfin Louis Lumière, sans oublier Georges Méliès qui passe pour être son fils spirituel. Depuis l’au-delà, l’homme invisible montrerait comment, après lui, des savants mais aussi des artistes ou des illusionnistes, dont nous conservons des machines et quelques images fragiles, d’autant plus précieuses, ont cherché à attraper le secret du mouvement. Ainsi Étienne-Gaspard Robertson pourrait-il venir réclamer l’héritage qui lui reste dû. » [...]
Dimanche 26 octobre | 10h30
Au Cinéma CGR Le Colisée • Boulevard Omer Sarraut • Carcassonne
Jérôme Prieur présente son film Les Sentinelles de l’oubli (2023), coproduction Mélisande film / LCP Assemblée Nationale
Une bouleversante danse macabre sur les traces des Monuments aux Morts de la Première Guerre mondiale.
Le monument fait entrer la guerre dans la paix : dans chaque village s’est installée une religion civique, le culte de la Nation allant de pair avec la mise en scène du roman national, toutes sortes de modèle permettant d’expérimenter ici le souci du réalisme le plus précis et là l’onirisme le plus fantastique.
Pour une fois, il réunit le front et l’arrière, les guerriers de l’armée morte et leurs proches, les absents, les revenants, les vivants. Des années 20 aux années 30, un gigantesque chantier offre une tombe aux innombrables soldats inconnus que leurs proches n’ont jamais pu venir pleurer. À travers cette fantasmagorie pétrifiée, un monde parallèle au nôtre émerge et nous saisit, pour peu qu’on le regarde. Dans le prolongement du film, un ouvrage a été édité par les éditions le temps qu’il fait (2024), avec une préface de Stéphane Audouin-Rouzeau et les images de Renaud Personnaz.
Avec l’édition de son livre La moustache du soldat inconnu (La librairie du XXIe siècle – Seuil, 2018), Jérôme Prieur précise :
« Depuis l’enfance, j’ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14. J’ai mis des années avant de m’aventurer sur les traces de cette vieille guerre qui s’était déposée en moi, alors qu’aucune raison biographique, apparemment, ne justifiait cette obsession…
… Alors, j’ai laissé les revenants m’approcher. J’ai fouillé leurs visages, leurs photos, et même un petit film amateur tourné au front, qui m’est parvenu comme une bouteille à la mer. Je suis parti rechercher les êtres vivants, fossilisés à l’intérieur de ces images, et pourquoi cette guerre s’était fichée au fond de mes yeux. »
Parmi ses autres ouvrages consacrés à 1914/18, aux éditions La Pionnière Guerre éclair (1997), Sur le sentier de la guerre (2025).
Jérôme Prieur
Ecrivain et cinéaste, Jérôme Prieur consacre sa réflexion au thème de l’image et à l’histoire du XXe siècle. Il a collaboré à diverses revues littéraires, dont Les Cahiers du Chemin et Obliques, et tenu la chronique cinéma de La Nouvelle Revue Française (1976-1983).
De 1980 à 1989, il devient producteur pour l’INA et dirige la collection de portraits d’écrivains contemporains "Les Hommes-Livres". On lui doit, entre autres,
les portraits de Louis-René des Forêts, Henri Thomas, Claude Simon. Maurice Roche, Béatrix Beck, Jean Grosjean, Philippe Jaccottet, André Frénaud, Edouard Glissant, Albert Cossery, Jude Stéfan, Jean Starobinski, Michel Butor, Henry Bauchau, Maurice Chappaz, Pierre Michon.
Il a également travaillé au scénario et aux dialogues de plusieurs longs métrages, dont Le Pont du Nord de Jacques Rivette, Hôtel du Parc de Pierre Beuchot,
En compagnie d’Antonin Artaud de Gérard Mordillat, d’après Jacques Prevel, et Paddy d’après Henri Thomas.
Depuis son premier livre paru en 1980 jusqu’à Voir et ne pas voir (Seuil, 2024), ses essais et textes en prose tournent beaucoup autour de la question de l’image et de la représentation. Quant à ses films, tous documentaires, c’est essentiellement la littérature, les arts et l’histoire qu’ils explorent. Parmi les plus récents : Occuper l’Allemagne (2019), Les Suppliques (2022), Les Sentinelles de l’oubli (2023), 1941 Dernier bateau pour l’exil (2023), Le cas Léon K (2024).
Parallèlement, Jérôme Prieur a mené avec Gérard Mordillat un vaste travail autour des origines du christianisme qui a donné lieu à une trentaine d’heures de
films pour Arte et à plusieurs livres. Il poursuit cette longue marche et sa réflexion dans son dernier ouvrage : Mon reliquaire, Supplément à Corpus christi (Fario, coll. Théodore Balmoral 2024).
Son œuvre documentaire a été honorée à deux reprises par le Prix du documentaire décerné par l’Association française des critiques de cinéma et de
télévision pour son film d’archives adapté du journal d’Hélène Berr, Hélène Berr, une jeune fille dans Paris occupé (2024) et pour Vivre dans l’Allemagne en guerre (2022), inspiré de l’ouvrage de Nicholas Stargardt, La guerre allemande.
Infos pratiques
Maison des mémoires
53, rue de Verdun
11000 Carcassonne
France