ESCALES EN PRESSES ANCIENNES : LE CIRDOC
A partir des années 1850, les élites occitanophones et catalonophones animent deux mouvements de revendications culturelles : la Renaixença en Catalogne espagnole et la Renaissance d’oc dominée par le Félibrige provençal, association littéraire autour de l’écrivain Frédéric Mistral.
Face à une politique “d’éradication des patois” à son apogée sous la IIIe République, les journaux et revues vont constituer un moyen privilégié de revendications pour la reconnaissance officielle des deux langues. Les Félibres affirment et propagent ainsi normes d’écriture, unité de la langue malgré la diversité des dialectes régionaux ainsi que valeur esthétique et littéraire de l’expression d’oc.
Nîmes voit paraître dès 1876 un journal hebdomadaire, Dominique qui devient La Cigalo d’or en 1877. Il s’impose comme une des plus importantes revues littéraires occitanes et fait connaître les textes de grandes plumes de la fin du XIXe siècle.
Luse tout ço qu’es bèu ! Tout ço qu’es laid s’escounde ! *
Fleurissent également dans toute la région des revues d’intérêt plus local, organes de défense et illustration de chaque “petite patrie” de la grande Occitanie rêvée. Ces revues qui mêlent littérature, arts et traditions populaires sont aussi les organes d’information des activités du mouvement félibréen. Elles sont publiées par des escolos (écoles) locales. Pour la région de Montpellier, c’est La Campana de Magalouna de 1892 à 1933 dont l’intérêt dépasse le cadre local. Il est animé par François Dezeuze, dit l’Escoutaïre, qui reste un écrivain important de l’Occitanie. Béziers prend naturellement son animal totémique pour emblème avec Lou Camel créé en 1904 tandis que Narbonne aura de 1911 à 1949 sa Cigalo Narbouneso.
Le Roussillon catalanophone connaît quant à lui la double influence de la Renaixença et de l’activité félibréenne. L’escola del Canigó (école du Canigou) fonde la revue Montanyes Regalades : revista tradicionalista del rosselló à partir de 1915.