ESCALES EN PRESSE ANCIENNE : LE GARD

L’arrivée en 1924 à la Présidence de la République du radical de gauche, Gaston Doumergue, né à Aigues-Vives dans le Gard en 1863, est largement acclamée par la presse méridionale.

Publié le 19/02/2024

Gaston Doumergue, un gardois à l’Elysée

Porté à la victoire par le « cartel des gauches », alliance historique de divers partis, il est favorisé par la branche modérée du groupe, qui a fait basculer le choix en sa faveur contre Paul Painlevé. Rendu populaire par sa personnalité aimable et sa bonhommie naturelle, dissimulant un habile politicien, le Président est rapidement surnommé « Gastounet ». Des journaux de tous bords s’enthousiasment pour cet enfant du pays parvenu aux plus hautes fonctions.

Le Midi en fête

Le Républicain du Gard, grand quotidien du Midi ayant paru de 1906 à 1944, décrit la Présidence comme une fonction qui n’est destinée qu’ « au plus digne, au plus sage, au plus fidèle, au plus travailleur » avant de conclure « Ce sont toutes ces brillantes qualités que réunit notre illustre ami ».

La fibre méridionale est mise en avant, notamment dans la presse spécialisée, comme en témoigne une courte interview dans le Midi taurin, journal tauromachique ayant la particularité d’être un mensuel en hiver et un hebdomadaire en été. « Gastounet » y donne son avis sur les courses de toros et est salué comme honorant « le pays du soleil qui le vit naître ». 

 La visite à Nîmes d’octobre 1924

Mais c’est surtout à l’occasion de la visite présidentielle à Nîmes en octobre 1924 que la presse régionale met en avant la figure de Gaston Doumergue. Prétexte à de nombreuses manifestations festives (banquet, marche aux flambeaux, feu d’artifice et même… match « international » de football !), elle est abondamment commentée dans les journaux, qui se saisissent de l’occasion pour dresser un portrait moral de l’homme.

Dans une veine plus caustique, Le Martinet, hebdomadaire se définissant comme « humoristique, mondain, artistique, sportif, tauromachique » en rend compte de manière détournée par une scène factice où Edouard Herriot, le chef du gouvernement, s’insurge qu’on ait supprimé la brandade du menu.

Plus sobrement, la visite de ce premier Président protestant est aussi mentionnée dans la presse catholique locale comme en témoigne La semaine religieuse de la ville et du diocèse de Nîmes, hebdomadaire paraissant les samedis « avec l’approbation de Monseigneur l’Evêque », de 1865 à 1967.

Le Gard à Paris

Président de la République mais aussi Président d’honneur de l’association " Les Enfants du Gard " qui réunit les personnalités méridionale de la capitale, Gaston Doumergue est à l’image du bulletin mensuel de ce groupe, intitulé Le Gard à Paris, paru de 1905 à 1960.

On y trouve des nouvelles des gardois expatriés, des œuvres en occitan, mais aussi des publicités vantant les meilleures adresses pour déguster et se procurer les produits du Midi à Paris, notamment la fameuse brandade de morue Mouton

Un bilan en demi-teinte

Malgré une certaine instabilité ministérielle caractéristique de la IIIe République, Gaston Doumergue jouit jusqu’à la fin de son mandat d’une réputation plutôt positive auprès de ses compatriotes. On trouve ainsi encore en 1932 dans La chronique mondaine, littéraire et artistique, hebdomadaire ayant paru de 1863 à 1944, une description du personnage qui lui est très favorable : « bonhommie spirituelle, charme bienveillant très prenant et esprit d’à propos extraordinaire, en un langage impeccable », rien de moins ! 

Mais « Gastounet » n’emporte pas pour toujours l’adhésion de ses pairs, notamment lors de son retour en politique en 1934. Sa politique est jugée trop conservatrice, ce que ne lui pardonneront pas les partis de gauche, comme en témoigne un mot de Léon Blum paru dans Le Combat social, organe officiel des socialistes de Nîmes, du 17 novembre 1934.

L’homme du Midi quitte définitivement la politique en 1935 et se retire à Tournefeuille, où il continuera de jouir d’une réputation de « sage ».

A retrouver dans GALLICA !

Ces titres sont disponibles dans Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France et de ses partenaires.

Vous pouvez y retrouver également 132 titres gardois.
Ils ont été numérisés à partir des collections du Carré d'Art Bibliothèque à Nîmes, des archives départementales du Gard, de la médiathèque d'Uzès et de la médiation Léon Alègre de Bagnols sur Cèze, dans le cadre du plan régional du numérisation de la presse ancienne locale et régionale, porté par le Pôle associé régional Occitanie.