ESCALES EN PRESSE ANCIENNE : L'AUDE
Plusieurs titres de presse ancienne conservés dans les établissements patrimoniaux évoquent cette crise et ses conséquences.
Le Radical du Midi (1886-1910), créé par Omer Sarraut
Sont conservées à la Bibliothèque Intercommunale de Conservation de Carcassonne-agglo les publications de 1898 à 1910.
Compagnon de lutte de Léon Gambetta, Georges Clemenceau et Camille Pelletan, il a également été maire de Carcassonne de mars au 22 septembre 1887, jour de son décès.
Omer Sarraut fut en 1882 le directeur fondateur des journaux « Le Réveil de l’Aude » et « Le Radical de l'Aude ».
Ce journal quotidien dont l’imprimerie se situa à Carcassonne, route Minervoise, fut la tribune largement ouverte à tous les esprits indépendants, soucieux des intérêts supérieurs de la République et du peuple, le vaillant organe de la démocratie radicale-socialiste. La popularité grandissante de Sarraut contribua au développement du « Radical de l’Aude », proposant ainsi un service d’informations et de dépêches plus régulier et plus étendu et modifiant dans le même temps son titre. Le 1er janvier 1886, la dénomination nouvelle fut « Radical du Midi ». Sur des bases plus larges et plus solides, ce journal continua, plus vigoureusement, le combat mené depuis 1882 pour le triomphe de la République sociale.
Manifestation viticole à Carcassonne
Le 26 mai 1907, 220 à 250 000 personnes manifestent à Carcassonne. Dès l’avenue de la gare, ils passent sous un arc de triomphe où est inscrit « Salut à nos frères de misère ». L’émotion des meetings et les discours lyriques font naître une conscience méridionale, un sentiment de malheurs partagés face à un Etat centralisateur jugé indifférent et méprisant.
Le meeting de Carcassonne prend un ton mystique et révolutionnaire. Les discours du rassemblement au lyrisme régional tentent de canaliser ce ton révolutionnaire vers le passé cathare des Occitans qu’Ernest Ferroul, Marcelin Albert surnommé lo Cigal et Faucilhon évoquent tour à tour.
Le Journal des Sociétés d’agriculture du département de l’Aude (1822-1960)
Sont conservées aux Archives départementales de l’Aude les publications de 1822 à 1919.
Fondé en 1822, ce titre est dirigé par le Préfet de l’Aude Monsieur Angelier dans un premier temps puis par le secrétaire général de la Société d’agriculture de l’Aude. L’idée est de publier un journal agricole auquel toutes les Sociétés agricoles du département de l’Aude seraient amenées à concourir. Chaque arrondissement ayant à charge le traitement d’un domaine : Narbonne le vin, Carcassonne les bêtes à laine, Limoux les vins blancs et Castelnaudary le maïs et les volailles.
Ce titre spécialisé a pour objectif de faire connaître l’organisation d’une classe sociale méprisée. Il relate ainsi les faits de l’histoire locale rurale de 1822 à 1960. Il permet également aux agriculteurs de se tenir au courant de toutes les nouvelles qui touchent à leur profession (prix des denrées agricoles audoises, taxe du pain, de la viande, observations météorologiques). Quelques articles culturels sont également présents (poésie, chants, etc.). En 1900, la Société d’agriculture de l’Aude se fait remarquer à l’Exposition universelle de Paris en obtenant le Grand prix du jury, notamment pour son journal. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le contenu est modifié (nombre de pages réduit, caractères typographiques plus petits, suppression des annonces) en raison des restrictions de papier.
Focus sur... la crise viticole de 1907
Si au début du 19e siècle la production des céréales et les questions d’élevage constituent les principales préoccupations de la Société centrale d’agriculture, la vigne devient le souci majeur de 1850 à 1930. Ainsi le Journal de la Société d’agriculture de Carcassonne décrit précisément les évènements de la crise vinicole à travers Congrès, procès-verbaux et commissions parlementaires sur la viticulture.
Dans le journal de mai 1907, est publié un extrait du procès-verbal de la séance de la Société Nationale d’Agriculture de France du 15 mai 1907, intitulé « La Crise viticole en France » :
Les grandes manifestations sont également abordées notamment dans la publication d’août 1907, en référence à la fusillade du 20 juin 1907 sur la place de l’hôtel de ville à Narbonne.
« […] un voile de deuil s’est étendu sur notre contrée. À l’espoir d’un avenir meilleur, qu’avaient fait naître d’inoubliables meetings, a succédé, dans nos cœurs bouleversés, une angoisse patriotique : un terrible malentendu entre la force armée et la population a couché dans les rues de Narbonne d’innocentes victimes ».
Le Midi vinicole (1906-1981)
Sont conservées aux Archives municipales de Narbonne les publications de 1908 à 1937.
À la tête de la révolte des vignerons de 1907 s’installe un Comité de salut viticole. Celui-ci propose la création d’une organisation ou corps professionnel fédérant l’ensemble du monde viticole : c’est la naissance de la Confédération générale des vignerons. Cette nouvelle organisation est amenée à prendre position au niveau national sur de nombreux sujets intéressant les viticulteurs et son action est relayée dans la presse spécialisée, favorablement ou défavorablement selon l’organe de presse concerné.
Le Midi vinicole, publié chaque semaine à Montpellier entre 1906 et 1981, retrace la vie économique du secteur. Il prend la suite du Bulletin des marchés vinicoles méridionaux (1896-1906).
En juin 1908, quelques mois à peine après la fin de la révolte, le Midi vinicole se fait l’écho de la réflexion sur les positions adoptées par la CGV, en charge de la surveillance et de la répression des fraudes.
À retrouver dans GALLICA !
Ces trois titres sont disponibles dans Gallica, bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France et de ses partenaires.
Vous pouvez y retrouver également 85 titres audois.
Ils ont été numérisés à partir des collections des archives départementales de l'Aude, des archives municipales de Narbonne, de la médiathèque du Grand Narbonne et de la médiathèque de Carcassonne-agglo, dans le cadre du plan régional du numérisation de la presse ancienne locale et régionale, porté par le Pôle associé régional Occitanie.